Depuis 2021, le paysage culturel de la RDC et de la Belgique en particulier, de l’Europe et de l’Afrique en général, commence à s’habituer à un évènement littéraire XXL, organisé simultanément à Bruxelles et à Kinshasa : la remise du Prix littéraire Émilie-Flore Faignond, qui intervient chaque deux ans, généralement au mois de septembre ou d’octobre. Ledit prix est l’œuvre du Collectif littéraire Bookutani, qui s’est donné l’ambition de réanimer la littérature congolaise.
Organisé pour la première fois le 24 septembre 2021, en une édition spéciale, cet événement avait eu lieu chez « Pépite Blues », à Bruxelles. Dans la capitale congolaise, il avait été organisé, à la même date et à la même heure qu’a Bruxelles, (en prenant en compte le décalage horaire) à « Congo Loisirs », à Kinshasa-Gombe, en face d’Assanef.
Le 1er octobre 2022, ce mouvement littéraire avait récidivé avec l’organisation de la deuxième cérémonie de remise du Prix Émilie-Flore Faignond, toujours chez « Pépite Blues », à la Washington d’Europe.
Au niveau de l’ancienne Léopoldville, actuellement Kinshasa, presque au même moment qu’à la capitale administrative de l’Union Européenne, une rencontre littéraire de grande ampleur avait eu lieu à l’hôtel de ville de Kinshasa, pour le même motif.
Présentement, tout Bookutani est dans la fièvre de la préparation de la prochaine remise de prix Émilie-Flore Faignond, qui interviendra, inch’Allah, le 6 octobre prochain, dans la Salle des mariages de l’Hôtel de Ville de la commune de St Gilles à Bruxelles, et au superbe lieu dit « Le Jecolia », à Kinshasa.

Pour cette troisième édition, huit auteurs et leurs livres ont été nominés :
1) Sheva et « Le carnet de Christian Gombo », édité chez Feu Torrent, à Kinshasa.
2) « Le silence de l’âme Et autres nouvelles », de Joyeux Ngoma, publié aux éditions Afri’Ka, à Kinshasa,
3) « MA VIE, MA LUTTE, Les expériences qui m’ont forgée et transformée, écrit par EBILGA SIKIRi, publié chez ANDIBOOKS, à Kinshasa,
4) « Nos différences et nos préjugés », de Chancel Kapalang, publié par EDILIVRE, à Paris/France,
5) « Juste pour une fois », un roman sorti aux éditions du Pangolin, en Belgique,
6) « USALAMA », Collection Des romans et des âmes noires, de Kom Kum, paru aux éditions Colline Inspirée, à Kinshasa;
7) « L’implacable Kinshasa », un recueil de nouvelles écrit par Marc Kanyinda, publié aux Éditions CEDI, à Kinshasa;
8) « La Balle Perdue », Récit d’un ex-Prisonnier, d’Alexis KANT, édité par Kivu Nyota, à Goma, RDC.
A titre de rappel, lors du PEFF 21, Edition Spéciale, le prix Émilie-Flore Faignond avait été décerné à Soraya Odia Lukusa, pour son activisme littéraire.
Pour le PEFF 22, Elvis Ntambua Mampuele avait remporté ce grand prix, pour son livre « MAKILA ». Le Prix Special Bookutani-Rdc avait été octroyé à Andrea Moloto, pour son livre « Mathy, tu sais ». Bookutani avait également conféré le titre d’Ambassadeur littéraire à Richard Ali A Mutu, le président de l’Association des Écrivains du Congo, responsable de la Bibliothèque de Wallonie-Bruxelles, pour sa promotion des langues nationales, ainsi que son soutien aux écrivains congolais et à la littérature panafricaine.
On peut en outre noter que le 24 septembre 2021 à Kinshasa, le PEFF a été remis au lauréat par Madame Yolande Elebe Ma Ndembo, l’actuelle ministre nationale de la Culture de la RDC. En 2022, ce fut Yves Bunkulu Zola, à l’époque ministre de la jeunesse, qui avait remis ce Prix à Kinshasa à celui qui avait été primé.
En Belgique, en septembre 2021, ce fut madame Emilie-Flore Faignond elle-même qui avait présidé cette édition spéciale du PEFF. Et en 2022, ce prix fut remis au lauréat par madame Yvette Tabu Inagoy, à l’époque ministre de la culture du gouvernement provincial de Kinshasa.
Il y a cependant lieu de souligner ici que si les cofondatrices, les affidés, les bienfaiteurs, les membres du comité de lecture, les partenaires, etc., de Bookutani sont toujours à pied d’œuvre pour la bonne réalisation de ce grand événement littéraire, la cheville ouvrière de son organisation s’appelle tout simplement Elodie Ngalaka, la belgicaine !

Une fée de la littérature belgo-congolaise

Née le 22 janvier 1962 à Kinshasa, la capitale de la RDC, cette étonnante femme de lettres porte à merveilles ses 62 ans. De père « Cabindo-Néerlandais » et de mère congolaise, elle réside en Belgique depuis son plus jeune âge. Très tôt, elle se passionne pour la poésie, le théâtre et la déclamation. Tout en exerçant divers métiers, dont le dernier est celui d’éducatrice spécialisée, elle s’est tournée depuis 2020 vers la littérature. Elle devient ainsi une des cofondatrices du Collectif littéraire Bookutani, lequel collectif est très actif en Belgique et en RDC, et créateur en 2021 du Prix Emilie-Flore Faignond, un prix bisannuel en soutien aux jeunes écrivaines et écrivains congolais, âgés de 18 à 35 ans, nous renseigne-t-on.
En mars 2022, son texte « Je suis un kasàlà contemporain » remporte le Prix de l’Originalité de la seconde édition du Prix Youve de Poésie des Éditions Mikanda. Ce poème figure dans son premier recueil de poésie parut en septembre 2022 aux Éditions du Net : « Ngalaka, la Belgicaine. La vie n’est pas une poésie tranquille ». En septembre 2023, elle publie aux éditions Mabiki un ouvrage titré « Ma vie entre vos parenthèses. Entre vos chromosomes 21 et 15, en toute liberté », nous apprend-on.
Selon les propres dires de cette femme de lettres qui se présente comme une « écriturienne », elle tire souvent son inspiration de la vie quotidienne. Son écriture se veut simple et sans fioriture, proche de ses émotions, ainsi que de celles de ses lecteurs. Elle pense ainsi pouvoir partager avec eux ses pensées, ses idées, et une certaine forme de bonheur. C’est elle qui constitue donc les nerfs sensitifs du Grand Prix Emilie-Flore Faignond.
Qui est donc Emilie-Flore Faignond, l’égérie de Bookutani ?

Née en 1948 à Kinshasa, d’un père Franco-Congolais(Brazzaville) et d’une mère Belgo-Congolaise(Kinshasa), Émilie-Flore Faignond a partagé son enfance et son adolescence entre les deux rives du majestueux Fleuve Congo. Une vie de partage non seulement entre Kinshasa et Brazzaville, mais aussi entre ses multiples cultures, qu’elle s’efforcera d’homogénéiser, pour vivre son métissage dans une certaine forme d’harmonie. Soignies est en Belgique sa ville de repère et de foyer, dont elle fait souvent l’écho.
On l’appelle ainsi « La femme aux quatre drapeaux – La femme des deux rives, pourquoi pas la femme du fleuve ».
Son oeuvre = transmission et partage, atteste Élodie Ngalaka, celle qui fait tout pour pérenniser le nom de cette écrivaine qui se meut entre les deux Congo et leurs anciennes métropoles. Ses premiers livres sont édités en RDC, puis en Belgique.
Laissons donc celle qui porte 3 drapeaux, puisqu’elle la connait mieux que nous, nous guider dans les méandres de multiples publications de la marraine du prix organisé chaque deux ans par Bookutani, lesquelles publications commencent d’ailleurs par « MÉANDRES », Recueil de poème, publié à Kinshasa et préfacé par Laurent cardinal Mosengwo Pasynia, à l’époque Mgr Laurent Monsengwo Pasynia, président de la Conférence Nationale Souveraine. Le succès quasi unanime de ce recueil fait ipso facto entrer Émilie-Flore dans le panthéon des hommes et des femmes de lettres de l’Afrique Noire. Ainsi, cet ouvrage devient didactique dans plusieurs écoles de la capitale de la République Démocratique du Congo.
« AFIN QUE TU TE SOUVIENNES » est une œuvre autobiographique parue en 1997. L’auteure aborde avec une certaine pudeur, mêlée d’un zeste d’audace, des sujet délicats et sensibles en rapport avec la condition de la femme en Afrique Noire. En 2014, son stock étant épuisé, cet ouvrage connait une nouvelle édition.
En 2009, elle publie « MIJI », qui n’est que la suite de son autobiographie.
En 2011, elle revient en force avec « MIJI, L’HYBRIDE DES RIVES », le 3ème tome de son autobiographie.
En 2015, notre franco-belgo-congolo-congolaise va mettre sur le marché du livre les opuscules titrés « La petite étoile amoureuse du soleil’ et « L’arbre aux fruits d’or ». Le Jeudi 26 mars, Emilie-Flore Faignond présente ces deux contes pour enfants (et adultes). La surprise est donc de taille, car le public la découvre pour la première fois dans ce registre. Les aquarelles de ces contes sont faites par Marie-Hélène Goral, une artiste peintre renommée.
En 2017, elle reçoit alors un DUNIA, en sa qualité d’Auteure – poétesse et écrivaine, lors des African Awards. Les Dunia récompensent des femmes et des hommes de la communauté africaine de Belgique aux parcours et aux personnalités exceptionnels.
La même année, on assiste à la sortie de son ouvrage titré « Un récit de vie (témoignage) ‘CYCLONE », qui relate son chemin vers la résilience, après avoir perdu sa fille unique dans des circonstances difficiles..

En 2022, elle va marquer les esprits avec son dernier né, un livre au titre évocateur de » CES NUITS OÚ MES RIVES S’EMBRASÈRENT’. « Ce témoignage-là, je le veux sincère, et comme mon âme de Femme des deux rives congolaises a vécu ces événements qui, pendant des mois, transformèrent les deux capitales jumelles du Fleuve Congo en brasier ardent et meurtrier… », avait-elle affirmé.
En outre, E-F. Faignond participe également à plusieurs anthologies littéraires pour « ses 2 Congos ».
Pour ceux qui sont désireux de lire les livres de la « femme du fleuve », on signale que la plupart d’entre eux sont disponibles à la FNAC ou chez Paulo Ramand. Quant au reste, il est vraiment préférable de prendre contact avec cette écrivaine dynamique via la page Prix Emilie-Flore Faignond.
Après tout ce qui a été dit ci-haut, nous sommes vraiment persuadés que nos lecteurs sont suffisamment informés sur la personnalité de cette extraordinaire femme de lettres mi africaine mi occidentale, dont le Prix organisé par le Collectif Littéraire Bookutani porte le nom, ainsi que sur la personne qui, au sein dudit collectif, est au four et au moulin pour la matérialisation bisannuelle de ce beau programme qui donne un nouveau souffle à littérature congolaise.
Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/ Directeur de Rédaction.