« Pillage au Congo 1991 », un documentaire qui vous plonge dans une lugubre situation déprimante, sans remède ni thérapie, en RD Congo, où tout danse sous la cadence d’une dégringolade tragique et discontinue, qui montre comment la population du pays de Joseph Kasavubu vit le martyre, engluée dans une pauvreté indicible, qui ressemble à l’air vicié qu’elle respire.
On est là au même diapason qu’Antoine Declerc, qui naguère avait affirmé haut et fort : « J’attends la recolonisation, je suis persuadé qu’elle reviendra un jour ». Est-ce le cas pour le Congo Démocratique, qui semble déjà au stade optimal de sa recolonisation ?
Quoi de plus normal d’attester ici que les pratiques des détournements de deniers publics, de gabegie financière, sous toutes ses formes, et d’anti-valeurs dans la gestion de la chose publique sont devenues la marque déposée de la classe politique congolaise.
Pourtant, sans coup férir, celle-ci se bombe souvent le torse, pour affirmer son évidente appartenance à la classe intellectuelle et patriote du pays du professeur Liahu, un de 4 premiers présidents de l’UDPS.
A la veille tout comme au lendemain de notre indépendance, la chronique renseigne qu’un nombre réduit d’intellectuels avait pris l’engagement, à travers la victoire du cartel des nationalistes, dirigé par le sémillant Patrice Emery Lumumba, aux élections de 1960, d’assurer une gouvernance exempte de boursouflures.
Hélas ! Doublement hélas, avec l’intrusion du néocolonialisme, l’embrouillamini politique, qui a conduit à la liquidation du leader nationaliste Patrice Emery Lumumba et ses deux acolytes, Maurice Mpolo et Joseph Okito, fortement opposés aux oukases de l’impérialisme, s’était dans la durée installé dans la gestion publique de la RDC.
Clairement signifié par le syllogisme du général Janssens, le commandant belge de la Force Publique qui a dit : Après l’indépendance=Avant l’indépendance, l’emprise du néocolonialisme avait implacablement implanté ses racines au pays de Simon Kimbangu.
Dans son discours du 30 juin 1960, le roi Baudouin avait pourtant fait mention de quelques fondamentaux de gestion, sous forme de recommandations :
Ne compromettez pas l’avenir par des réformes hâtives…Ne remplacez pas les organismes que vous remet la Belgique, tant que vous n’êtes pas prêts à faire mieux, patati patata !
Pendant que tout le monde applaudissait la sagesse de « Buana Kitoko » pour les Kinois, « Buana Kidogo » pour les Lushois, Voilà que s’était levé l’imprévisible Patrice Emery Lumumba qui, en grand tribun, avait récusé les propos du petit fils du Roi Léopold II, fondateur et propriétaire de l’Etat Indépendant du Congo, en fustigeant la colonisation barbare belge, que le peuple congolais a subie dans la souffrance et dans l’indignité 75 ans durant. Et les tenants du néocolonialisme de crier au crime de lèse-majesté, en vouant le pestiféré aux gémonies.
Cependant, d’après les esprits lucides, cet élan paternaliste du Souverain Belge n’avait comme objet que son désir de jeter de la poudre aux yeux des nouveaux affranchis, en leur recommandant des préceptes qui ramenaient politiquement leur pays à l’âge de la pierre taillée. Cette analyse fut confortée par le soutien de la Belgique aux 32 ans de la dictature mobutienne, avec sa deuxième République aux intérêts plutôt extravertis.
Maintenant que tout le monde veut embrasser le chemin de l’université, au mépris de l’apprentissage des métiers, et après l’université, celui de la politique, puisque fort payant dans notre pays, la RDC va carrément à vau-l’eau.
Jusqu’à ce jour, bon nombre de gens pensent qu’être « universitaire » est synonyme d’être « intellectuel », alors que ce mot, si on fait nôtres les propos du célèbre juge Dieudonné Kaluba Dibwe, lors d’une de ses pointilleuses interventions pendant le procès de « 100 de Jours », se rapporte à une personne qui a la morale et le sens élevé du bien commun, considéré comme une valeur absolue.

Dans la même lancée, Charles Zacharie définit l’intellectuel comme une radicalité de l’éthique qui se refuse à prostituer le « savoir, au profit de l’avoir ». Mais que voit-on actuellement en RDC ? Sont promus à des postes de responsabilité, les adhérents, ou mieux, les adeptes des partis politiques qui n’ont comme idéologie affichée que le fait d’être proches du pouvoir, ou chers à celui-ci. Point n’est donc besoin de rappeler ici ces récurrentes et mauvaises habitudes, ou méthodes de recrutement, sur base de coloration politique, dans la quasi-totalité de l’administration publique, ainsi qu’au sein des régies financières et autres organes de l’Etat.
La récente nomination d’un officier général de la police en fonction au poste de ministre de l’intérieur du gouvernement provincial de Kinshasa est une preuve tangible que les gens n’ont plus besoin de mettre les formes pour exhiber leur allégeance politique.
Que dire alors de la gigantesque capacité de la machine universitaire à produire chaque année des diplômes, qui ne valent juste que la présomption du savoir ?
Mais où sont-ils, ces intellectuels pouvant relever ce pays du chaos dans lequel il est enfoui ? Où sont-ils, ces patriotes intègres, dont la recherche effrénée du lucre demeure le cadet de leurs soucis ?
Lumumba a été vite envoyé ad pâtres, pour avoir voulu sortir le Congo du cycle de prédation dans lequel il était plongé depuis l’État Indépendant du Congo. On a vite fait passer l’arme à gauche à son épigone, M’zee Laurent Désiré Kabila, qui a, lui aussi, cherché à privilégier les intérêts de son peuple, dans son deal avec les occidentaux et leurs valets africains.
Quand on scrute la gestion de la Res Publica, à travers les régimes ayant succédé à celui du « Soldat du Peuple, » on note aisément le fait que les compromissions y ont gravement pris la part belle, au point de rendre la RDC totalement exsangue.
Et soixante-quatre ans après l’indépendance, interrogeant l’histoire et ses avatars, quoi peut-on dire encore aujourd’hui du pays de Kimba, Anani, Bamba et Mahamba, autrement appelés les « Martyrs de la Pentecôte » ? Le bon Dieu, que les compatriotes d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba prient du matin au soir, alors que le sphinx de Limite leur disait à bon escient : « Mboka oyo ekufi mpona Moyibi » ( ce pays est foutu à cause des detourneurs de deniers publics), devrait-il reprendre les choses en main, pour que les congolais puissent vivre en paix, spirituellement, matériellement, socialement, culturellement et financièrement ?
Si l’on questionne les présages à cet effet, seront-ils de bon augure ? Selon toute vraisemblance, pour trouver des réponses justes à la situation qui prévaut actuellement au Pays de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga, qui a bien prédit, si nos souvenirs sont exacts, qu’après lui, ça sera le déluge, il faut faire appel à un leadership révolutionnaire, du genre promu par les pères fondateurs de l’UDPS, qui pourraient se résumer en ces quelques mots simples : Le peuple d’abord !