
Le monde de la musique congolaise semble en perpétuelle effervescence, dans le bon comme dans le mauvais sens. La dernière en date est cette querelle qui oppose Antoine Antoine Agbepa Mumba, le « Quadro Koraman », avec Félix Wazekwa Landu, le Monstre d’amour, son ancien ami et parolier, devenu lui aussi une grande star de la Rumba congolaise. D’aucuns se souviennent que ces deux intellectuels transformés en « Rumberos », grâce au mentoring de Papa Wemba Mzee Fula Ndenge d’heureuse mémoire, n’en sont pas à leur première bisbille.
Au surgissement de Félix Wazekwa sur la scène musicale congolaise, avec l’album Tétragramme, suivi de « Pauvre mais … », après qu’il ait participé avec un bonheur inégalé comme parolier dans la réalisation de l’album du « Formateur des idoles » titré tout simplement « Foridoles », le patron de l’orchestre Quartier Latin International, n’aurait pas, selon la clameur publique, bien digéré ce racolage. S’en étaient alors suivis des quolibets, attaques frontales et autres voies de faits, à travers des chansons ou des déclarations publiques intempestives, par voie de presse, avec comme protagonistes leurs porte-paroles interposés, lorsque ces deux stars, qui portent chacune un des prénoms de l’actuel président de la RDC, n’étaient pas elles-mêmes en confrontation directe. Les mélomanes congolais, très friands de ces inepties, appelées à tort ou raison « polémiques », s’en étaient mêlés à cœur joie. Au point que Félix Wazekwa S’Grave aurait déclaré à la télé qu’il n’adresserait la parole à Koffi Olomide Papa Top que le jour où le Bon Dieu se réconciliera avec Lucifer, l’ange de la lumière déchu.
Ces deux artistes au tempo vocal, artistique et textuel similaire, auteurs des ritournelles pleines d’aphorisme et d’élégie, vont pendant assez longtemps se regarder en chien de faïence, et ce, jusqu’à la célébration du sixième anniversaire de la mort de Papa Wemba, au Pullman Grand Hôtel, dont l’organisation avait été confiée à Félix Wazekwa « Mokwa Bongo ». En effet, lors de cette fête musicale en rapport avec le 6eme anniversaire de la disparition de Maitre d’école, ces deux grands poulains de l’icône musicale africaine partie ad patres ont donné l’impression de s’entendre comme deux larrons en foire, avec des épanchements conviviaux qui ont pris de court le public.
D’ailleurs, un projet de featuring était aussitôt né de cette collusion, avec l’interprétation de la chanson « Eau Pure », une très belle aubade aux senteurs lyriques, dont la sortie sur les plateformes de téléchargement a émerveillé, dans le fond comme dans la forme, les amoureux de la bonne musique congolaise. Pendant que les uns et les autres s’attendaient à des mamours plus durables, ou plus costauds, Mokwa Bongo et Chéri O se sont de nouveau mis sur le sentier de la guerre. En effet, depuis quelque temps, les réseaux sociaux ont fait leurs choux gras l’information selon laquelle Félix Wazekwa aurait mis sur le compte de l’envoûtement, né de l’absorption d’un psychotrope, le fait qu’il ait fait des dithyrambes et autres panégyriques à la légende Koffi Olomide. Intriguée par cette énième querelle publique entre ces frères souvent ennemis, notre rédaction a essayé de joindre le surnommé « Monstre d’amour », pour essayer d’en avoir le cœur net.

D’après le concerné, Koffi Olomide est, et reste un génie, une légende de la musique congolaise et africaine. La chanson « Eau Pure », interprétée dernièrement ensemble en duo est une preuve éloquente de la grandeur artistique de son ainé. Ainsi récuse-t-il le fait d’avoir fait cette déclaration dans un état d’ébriété ou d’overdose, car durant toute sa vie, il n’a jamais pris les psychotropes. Mais ce qui est évident, dans les relations sociales et humaines, Koffi Olomide est pour lui, et pour tant d’autres de ses pairs, comme notamment le défunt Chora Mbemba, le leader du Super Choc, qui a défrayé la chronique avec son Album Bize Mandundu, est un « véritable génie du mal ».
Mokwa Bongo dit regretter de l’avoir de nouveau croisé sur son chemin, et d’avoir accepté son baiser de Judas. En effet, pour son concert d’Adidas Arena de Paris, initialement prévu le 1 juin 2024 à Paris, et reporté au samedi 14 décembre 2024, Félix Wazekwa s’est vu refuser l’octroi de visas Schengen pour ses divers personnels musicaux et administratifs. Cette surprise désagréable a mis en déroute ses prévisions, ainsi que les attentes des sociétaires et des fans de l’orchestre Cultur’A Pays Vie. Mais au lieu d’attrister celui qu’il prenait pour son frère, cette déconvenue a paru le réjouir, au point de se mettre à appeler tous les youtubeurs rapaces du sensationnel, pour rire au nez de Félix Wazekwa. Malheureusement pour lui, certains de ses confidents, qui avaient de fortes accointances avec l’infortuné, n’ont pas manqué de lui mettre la puce à l’oreille. les galéjades du Grand Mopao sur son concert raté d’Adidas Arena avaient alors mis à vif Kaobenganzembo. Lorsque son pourfendeur avaient vu en 2021 son double concert d’Arena de Paris Défense être carrément renvoyé aux calendes grecques, œuvre des combattants congolais de la diaspora comme Boketshu 1er et cie, qui s’était moqué de lui ? s’était offusqué Félix Wazekwa Landu.
Le patron de Cultura pays a-t-il fini par donner raison à Ekumanyi Papa Wemba qui, peu avant sa mort, avait décidé de ne plus serrer la pince à son « ex petit monconfia », qui lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres ? C’est sûr qu’entre « le prix Nobel ya ba soucis » et « Antoini Makila Makila mabe », les torchons brûlent, et brûleront encore pendant longtemps, à en croire les ressentiments de Felix Wazekwa, nés de cette récente discorde. A force de jouer avec le serpent, il finira par vous mordre, avait pourtant bien prévenu le grand-père Benz Bozi Boziana.
Mais pour Kaobenganzembo, tout ceci n’est que diversion, pour lui faire baisser la garde, alors que son concert raté n’est qu’une partie remise, puisque tout simplement reporté au 14 décembre 2024, et non annulé. Plutôt que de s’attarder sur les lazzis des oiseaux de mauvais augure, il continue, avec ses musiciens déjà sur place en Europe, à affûter les armes pour bien agencer ce spectacle qui promet d’être riche en couleurs. Il sied cependant de signaler ici que les guichets restent ouverts pour la réservation des places, et que les billets achetés pour le concert du 1er juin restent valables, tandis que ceux qui pour une raison ou autre voudrait récupérer leur argent n’ont qu’à approcher les guichets pour se faire rembourser.
Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/Rédacteur en chef.