Grâce à un ouvrage consacré à son géniteur, Grâce Mambu Kangundu Ngyke vient de ressusciter celui-ci dans la mémoire collective, après 19 ans !

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L’évènement littéraire ayant réuni le lundi 5 Novembre 2024, de 10 h  a 14 h, un monde impressionnant de journalistes, d’écrivains, d’hommes politiques et de culture, à la bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa, avait été le vernissage de l’ouvrage titré « Franck Ngyke Kangundu, le destin tragique d’un chevalier de la liberté », de l’auteure précitée. En dépit de la trombe qui avait arrosé ce jour-là la capitale congolaise, depuis les lueurs matinales jusqu’aux environs de 10 h 00 du matin, le lieu de la rencontre avait été bondé de monde. 

Parmi les personnalités marquantes du monde socio-politique et culturel présentes à la manif, il y avait le sénateur Didier Mumengi, ancien ministre de l’information de M’zee Laurent Désiré Kabila, M. André Ipakala, l’éditeur Directeur Général du Journal la Référence Plus, l’honorable Christelle Vuanga, une ancienne journaliste devenue députée nationale, et autres.

Le bien nommé Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga, journaliste, poète, écrivain, critique littéraire et animateur culturel, en plus d’être le biographe officiel de Papa Wemba, s’est occupé de la recension de l’ouvrage devant être amené aux fonts baptismaux. Quant à John Kabeston, connu comme un épigone de l’illustre disparu dans le journalisme d’investigation, il s’était occupé de la modération. 
Après que les différents participants aient été installés, M. Richard Ali, le directeur de la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, avait pris la parole pour saluer le public venu nombreux à cette rencontre. En circonscrivant l’événement,cet ambassadeur de la littérature congolaise avait félicité la nouvelle venue dans le monde littéraire pour la sagacité avec laquelle elle a abordé son ouvrage, puisqu’ayant été celui qui l’avait incitée à mettre ses souvenirs sur son père sur papier blanc, encre noire, afin de pérenniser son combat. D’après ce Vice-président de l’Union des Ecrivains Congolais, depuis qu’il s’est mis à pousser les néophytes dans la direction de l’écriture, c’était pour la première fois qu’il avait vu quelqu’un y aller avec une dose aussi grande de perspicacité et de célérité.

Après le maître des céans, le modérateur avait repris la parole pour présenter « la femme du jour », en disant qu’elle est journaliste et activiste engagée pour les droits des femmes, présidente de l’Association Congolaise des Femmes Journalistes de la Presse Écrite (ACOFEPE), et coordinatrice nationale du Réseau des Femmes Leaders pour l’Accès à la Parole (RFLAP). Experte en communication au sein du groupe de plaidoyer « Voix et Leadership des Femmes au Carter Center » et Conseillère en charge du Genre au cabinet du Directeur général de l’ACP, elle milite pour la promotion de la voix de la femme dans les sphères décisionnelles, pour une égalité des droits et opportunités dans les médias, en particulier, et dans la société en général. Il va ainsi achever cette présentation par affirmer que cette dernière était également à la tête de SYFEMAC et de RMFI/Afrique, deux organisations internationales connues pour leur efficacité dans de différents combats sociétaux.

L’auteure et son staff de soutien !

Ainsi, le célèbre Kabeston avait passé le relais à Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga, le directeur de rédaction de Media Actualité, qui agissait là dans sa casquette de recenseur du livre publié. Dès l’entrée de jeu, après bien entendu les civilités d’usage, celui-ci avait affirmé que l’événement qui avait cours ce jour-là avait un double caractère : celui de montrer comment la résilience arrive toujours à mettre la fatalité knock out, et comment un homme compétent, patriote, loyal et honnête, même parti ad pâtres dans les conditions les plus ignominieuses, arrive toujours à ressurgir d’une manière parfois inattendue.
Avec la présentation et le baptême de l’ouvrage titré « Franck Ngyke Kangundu, le destin tragique d’un chevalier de la liberté », Grâce Mambu Kangundu, qui est la troisième fille de l’illustre disparu, devrait être applaudie avec frénésie. Faire un maximum de bruits pour l’œuvre de cette auteure qui, devant le surprenant silence des frères et confrères de plume de l’illustre disparu, décédé la plume à la main, parce qu’ayant été le soir de sa mort le chef d’édition du numéro devant apparaître le lendemain, était la plus grande récompense à ce travail de rédemption, qui ressuscite dans la mémoire collective la vaillance d’un preux épris de justice, au point d’accepter de laisser sa peau dans la réalisation de cet idéal. Pour ce,  le recenseur avait demandé à l’assistance de garder une minute de silence pour la mémoire de ce Martyr de la liberté de presse !

Saluant le courage de l’auteure et de sa famille, ainsi que de tous ceux qui l’ont encadrée pour la réalisation de ce travail, qui commence par  une excellente préface, signée par une plume chevronnée, qui n’est autre que celle de M. André Ipakala, le patron du journal « La Référence Plus », l’ancien employeur du « de cujus ». Ainsi avait-il demandé au public de lui faire des applaudissements nourris, pour tout ce qu’il a fait pour la famille Ngyke. Après la préface et la dédicace vient la première partie de ce livre, titrée prémonitoirement « De la lumière aux ténèbres ». On peut à sa suite lire de sous-titres comme la nuit du drame, le récit de Grâce Mambu Kangundu Ngyke, plus rien ne sera comme avant, le double calvaire des orphelins : témoins et victimes, ainsi que les conséquences du choc post traumatique et psychologique de cette tragédie sur les enfants.

Une attitude de l’assistante, lors du baptême de l’ouvrage de Grâce Mambu Kangundu Ngyke.


Et puis s’en suit la deuxième partie intitulée : « Ce que je sais de mon père, du citoyen lambda à la légende », avec des sous-points tels que « De l’enseignement un jour au journalisme toujours », « l’envol », « Vie privée », et « les derniers écrits du Maréchal Franck Ngyke ». Pour Jean-Paul, ce sont « ces derniers écrits » qui ont déclenché contre leur auteur la colère de la bêtise humaine et de la médiocrité, lesquelles avaient eu le culot d’aller jusqu’à la solution finale. On lira par exemple qu’après avoir supplié en vain ses bourreaux, pour qu’ils ne puissent pas porter atteinte à son intégrité physique, en leur offrant tout, la victime expiatoire finira, excédée par tant d’espièglerie, par trancher : Tuez-moi mais ne touchez point à mes enfants ! C’était cette forte exhortation qui a sauvé la vie à la progéniture de Franck Ngyke et Hélène Mpaka, qui avaient été, eux, trucidé par les malfrats.

Une attitude de l’auteure, Mme Grâce Mambu Kangundu Ngyke, lors de son mot de circonstance. On note bien que l’abattement avait été au rendez-vous !

La troisième partie, qui se nomme, elle, « L’action de la justice et réaction des organisations non-gouvernementales de défense des droits de l’homme, associations locales et internationales », a comme sous-intitulés les points suivants : « Les procès proprement dit : Les crimes sans coupable », « Des questions sans réponses », et « La réaction des organismes internationaux de défense de droits de l’homme et des organisations internationales et locales.

La quatrième partie, qui a comme titre « Sur les traces de mon père, mon héros » soulève dans ses sous-points les problématiques relatives au « Combat d’une orpheline héritière », à « La naissance de l’ACOPEFE, une voix pour les femmes journalistes de la presse écrite en RDC », ainsi qu’à « La nécessité d’un plaidoyer pour la reconnaissance de 22 journalistes tués en RDC entre 1994 et 2021 ». 



Enfin, on se retrouve dans la cinquième partie titrée « Pluie de témoignages et d’hommages post mortem au Maréchal Franck Ngyke ». Ladite partie comprend les témoignages des professionnels des médias, des associations professionnelles des journalistes et de la défense des droits de l’homme, ainsi que ceux de la classe politique congolaise, voire de la communauté internationale. On amorce alors la fin avec bien sûr l’épilogue, les abréviations, les références, ainsi que les annexes.

Une condisciple de promotion de Patrick Muyaya, assure avoir à l’époque marché avec l’actuel ministre de la presse et communication, pour exiger que justice soit faite pour réparer le tort commis à la famille du Maréchal Franck Ngyke.


En fait, que dit le livre de Grâce ? 
Coachée par Maman Elisabeth Mweya Tol’ande, une écrivaine et ancienne journaliste féminine de première heure, la troisième enfant du journaliste Franck NGYKE KANGUNDU, assassiné le 03 novembre 2005 à son domicile du Q. Mombele à Kinshasa-Limete, avec son épouse Hélène MPAKA, en présence de leurs enfants, relate avec douleur et émotions la scène tragique de l’exécution de ses parents, ainsi que les conséquences dévastatrices sur sa propre vie, et celle de ses frères et sœurs, laissés orphelins du jour au lendemain, apeurés, et émotionnellement très affectés. Comme dans une sorte d’introspection, elle s’interroge sur les mobiles de cet acte ignoble, dont les conséquences dramatiques perdurent jusqu’à ce jour, et ce, dénués de tout soutien du gouvernement Congolais.

Avec son livre-hommage, Grâce Mambu Mangundu vient là de payer un vrai tribut à son père,  ce journaliste épris de vérité, qui est tombé sur le champ de bataille l’arme à la main, sans lâcher prise. Loin de dénoncer uniquement le manque de justice pour ses parents, la nouvelle autrice s’est évertuée à lancer également un appel au pouvoir public, ainsi qu’aux hommes de bonne foi, sur la nécessité de rendre justice aux familles des victimes des professionnels des médias.
Mais qui est ce Chevalier de la Liberté, pour qui tant de gens continuent à verser de chaudes larmes ?

L’assistance en train de suivre la projection du film sur le Maréchal Ngyke, le Journaliste assassiné en 2005 !


Né le 28 juin 1953 à Kinzambi, dans la province du Kwilu (dans l’ancien grand Bandundu) en République démocratique du Congo, Franck NGYKE KANGUNDU s’est illustré par son engagement sans compromis pour la vérité et la justice sociale, lit-on dans le synopsis. Journaliste aguerri, il consacra sa vie à dénoncer les injustices, la corruption, ainsi que les abus de pouvoir qui gangrènent son pays. Sa plume aiguisée et son sens inébranlable de l’éthique ont fait de lui une figure respectée du journalisme congolais.

Pour Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga, ce crime ne doit pas rester impuni, maintenant que tous les signaux sont au vert pour la manifestation d’un état de droit, pour lequel est d’ailleurs mort Franck Ngyke Kangundu, en vrai martyr de la démocratie. L’UDPS, actuellement au pouvoir, à l’époque à l’opposition, avait crié haut et fort pour que Justice soit faite. En ce temps-là, c’était cette organisation politique qui avait été  la grande bénéficiaire politique de cette bourde cruelle, attribuée, à tort ou à raison, au pouvoir de l’époque. Maintenant qu’on sent dans le chef de l’actuel ministre de la justice et garde-sceaux la nette volonté de redorer le blason terni de la justice congolaise, le temps est venu de faire sortir ce dossier du placard. 

Pour Jean-Paul ILOPI, on a également la chance d’avoir Patrick Muyaya, l’homme du nouveau narratif, comme ministre de Médias et Communication; à l’époque de l’assassinat du Maréchal Franck Ngyke, il était un de jeunes troufions du journalisme ayant envahi les rues de Kinshasa pour réclamer que la mort de leur aînée dans la profession et dans l’activisme journalistique ne reste impunie. Selon le recenseur, la corporation journalistique doit s’appuyer sur cette trilogie favorable – Présidence – Ministère de la justice et garde-sceau- Ministère Presse et communication – pour faire un plaidoyer devant ressusciter ce dossier, aux frais de la République, et non de la partie civile, pour que Justice soit réellement faite pour Franck Ngyke, et pour sa famille, pourquoi pas pour tant d’autres journalistes morts dans des conditions similaires. Selon lui, il y a eu certes la condamnation des exécutants à la peine capitale, sûrement commuée à un emprisonnement à perpétuité. On peut même se demander si dans l’entre-temps, ces assassins n’ont pas déjà pris la poudre d’escampette ? Mais ce qui était sûr, les vrais commanditaires de cette sauvage tuerie courent encore la rue, avait-il argué.

Après la recension, trois proches du défunt journaliste avaient pris la parole pour faire leurs témoignages sur leurs commerces avec lui. Le premier, André Ipakala, avait transmis avec émotion à l’auditoire son ressenti lorsqu’il avait appris la mort brutale de son ami et collaborateur. A un certain moment, il avait même été tenté de prendre ses jambes à son cou. Celui-ci avait terminé son témoignage en demandant à l’assistance de répéter à sa suite  cette courte et déterminante rengaine : Plus jamais ça !

M. André Ipakala, lors son témoignage sur l’assassinat de son ami et collaborateur. Plus jamais ça ! avait-il demandé à l’assistance de répéter.

Quant à cet ami d’enfance du défunt ayant intervenu en deuxième lieu, il avait plutôt expliqué à l’assistance que depuis sa jeune enfance, Franck Ngyke était habité par des velléités de défense de libertés collectives, ainsi que celles de mourrir pour l’accomplissement de cet idéal. La troisième intervenante s’était présentée au public comme une ancienne journaliste de la radio Okapi, et surtout, comme une ancienne condisciple de promotion de Patrick Muyaya. La main sur le cœur, elle avait rassuré les uns et les autres qu’elle-même, ainsi que l’actuel patron du ministère ci-haut cité étaient de la génération d’étudiants de l’Ifasic ayant fait de véhémentes marches de protestation sur les avenues de Kinshasa, pour que le double assassinat de Franck Ngyke et de son épouse ne reste pas impuni. Pour elle, le moment était vraiment favorable pour qu’une action dans le sens de la révision de ce procès soit menée par un collectif de journalistes.


Quand on a donné la parole à l’autrice, elle a bouleversé la salle avec des souvenirs traumatisants, qu’on s’abstient de relater in extenso ici. On peut tout simplement retenir que dans leur quête de voir le crime commis sur leurs père et mère être réparé, à part certains parents et vrais amis du défunt, beaucoup de portes leur ont été fermées au nez. Ainsi, la plupart de ses frères et sœurs avaient réellement perdu les pédales, à cause de cette funeste situation. De l’état congolais, aucune sollicitude n’a été remarquée. Cependant, lorsque l’actuel président de la république, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est arrivé au pouvoir, elle avait couru le risque de l’approcher lors d’une manifestation publique, en criant : Je suis la fille de Franck Ngyke, et à l’audition de ce nom, réceptif à son appel, le chef de l’état congolais avait fait un pas vers elle. Une promesse de recevoir la famille du défunt journaliste à la présidence avait été faite, mais elle est restée jusqu’à ce jour lettre morte. 

Pour aller par exemple en résidence d’auteur en Europe, elle a dû faire le « porte en porte » chez les parents, amis et connaissances pour avoir son billet. Mais pour la publication de l’ouvrage, c’était une autre paire de manche. Au finish, elle avait dû vendre tout ce qu’elle possédait comme biens matériels pour réaliser son rêve. L’audience de ce discours poignant avait amené l’honorable Didier Mumengi de demander à Grâce, avant de procéder au baptême de son livre, au nom du père, du fils et de l’esprit Saint, de sécher désormais ses larmes. Car, avec le livre qu’elle a rédigé pour raviver le souvenir de son géniteur, elle a à jamais ressuscité le Maréchal Franck Ngyke Kangundu dans la mémoire collective. 

Cérémonie de baptême du livre de Mme Grâce Mambu Kangundu, faite par l’honorable Didier Mumengi, en sa qualité d’écrivain et homme de culture.


Avant la clôture de cet événement littéraire, Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga avait demandé la parole, en vue de lire un viel article publié le 24 novembre 2005, signé Antoine de Padou Ngungu-Ngungu-Ngungu, le frère ainé du défunt, qui félicitait le gouvernement de l’époque d’avoir pris en charge l’organisation des obsèques, mais celui-ci avait en même temps sollicité auprès des autorités publiques compétentes la prise en charge des enfants des illustres disparus, eu égard aux divers traumatismes que ces derniers ont subis. Mais hélas, ces voeux pieux avaient aussitôt été jetés aux oubliettes.

Rédaction

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