Comme prévu, le public kinois avait pris d’assaut le Stade des Martyrs de la Pentecôte de Kinshasa, pour assister au concert explosif du chanteur gospel Mike Kalambayi, qui a eu lieu le samedi 27 juillet 2024. D’après la légende vivante du clan Wenge, Ngiama Werrason, le petit-frère du grand chantre de l’Éternel Patrice Ngoyi Musoko, qui était l’invité d’honneur de cette grandiose manif, le chanteur Mike Kalambay a gagné avec brio sa place dans la cour des grands de la Musique Congolaise Moderne, confirmant de facto sa suprématie dans la filière musicale chrétienne de la RDC.
Remplir en effet le mythique stade des Martyrs n’est pas l’apanage du premier venu, avait-il attesté. Encensé par Werrason, qui est souvent cité comme le premier à réaliser cet exploit, Mike Kalambayi est désormais considéré comme une de grandes figures de proue de la musique congolaise moderne.
Toutefois, si cette présence massive a été pour le célèbre cantateur un grand signe d’élévation, ce stade archi-comble restera dorénavant pour l’ex mari de Penielle N’samba un triste souvenir.
Déjà, lors du concert de son célèbre émule, le pasteur et chanteur élégiaque Moïse Mbiye, qui a eu lieu le 19 mai 2024 au même Stade des Martyrs, plusieurs voix s’étaient élevées pour fustiger l’organisation sécuritaire un tantinet déficitaire, voire défaillante, de cette infrastructure sportive de grande envergure, au niveau de l’encadrement des foules, lors de grands événements. Mais, en dépit de la psychose qui avait élu domicile dans la capitale congolaise ce jour-là, à cause de l’incursion aux lueurs matinales de la bande à Christian Malanga au Palais de la nation, pour y étaler le drapeau et autres insignes de la défunte République du Zaïre, Moïse Mbiye et les siens étaient restés droits dans leurs bottes.
En effet, à voir les consignes de sécurité musclées données par M. Gentini Mbaka Ngobila, le gouverneur de la ville de Kinshasa de l’époque, les sceptiques avaient parié que ce spectacle n’allait plus avoir lieu. Mais soutenu par Peter Kazadi, quand il était encore le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, sécurité intérieure, décentralisation et affaires coutumières, le méga concert, mi cabalistique mi spirituel, de l’adepte de « Guégué » avait bien lieu à la date et au lieu convenus, sans incident majeur, pour le grand bonheur de ses innombrables ouailles de la Cité Béthel, et de ses multiples fans de chez « Tché-Tché ». Il faudra ici dire que le succès des cantiques religieux de ce jeune et séduisant Chantre de l’Éternel a dépassé les frontières de differents temples de Dieu, pour faire une vraie intrusion dans les lupanars et autres lieux adulés par les « Jezabel » et autres « Beyoncé Knowles » kinoises.
Après cette manifestation musicale de grande ampleur, l’attention des amoureux de la musique chrétienne était tournée vers le super spectacle du Pasteur Mike Kalambayi, annoncé comme historique, le samedi 26 juillet 2024, au même endroit.
Au jour J, l’affluence y était tel que certaines statistiques ont avancé le chiffre de 100.000 personnes qui convoitaient d’assister à ce spectacle mirifique, qui associait artistes mondains comme Werrason, le roi de la forêt, Ibrator Mpiana, et chrétiens, dans un stade qui contenaient 80.000 places assises. Et quand l’affluence était devenue insoutenable, débordés, les préposés à l’accueil au stade avaient commencé à refuser du monde. Vraisemblablement, ce sont ces bousculades qui ont occasionné les morts d’hommes et nombreux blessés, qu’on déplore aujourd’hui.
D’après d’aucuns, Maajabu Gospel, l’organisateur de cet événement musical, avait au départ fait la négation de cette triste réalité, en affirmant sur sa page Facebook qu’il n’y a pas eu décès au stade des Martyrs lors de ce concert où le pasteur Mike Kalambayi avait monté ses deux fils, Schadai et Sion, au podium. Mais la toile qui s’était aussitôt enflammée l’a contraint à confirmer cette tragédie.
En tout cas, plusieurs sources attestent qu’au moins neuf personnes ont trouvé la mort lors de ces bousculades mortelles, sans compter les blessés.
« Parmi les décédés, il y a huit femmes, dont une se trouvait entre les deux âges, et une autre de troisième âge, ainsi qu’un garçon d’environ dix ans, précise-t-on.
« C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris, la disparition de nos compatriotes qui ont perdu la vie, alors que les services d’ordre essayaient de neutraliser quelques fauteurs de troubles », lit-on dans le communiqué signé par la direction du comité organisateur, qui
a également présenté ses sincères condoléances aux familles éprouvées, et à tous ceux qui étaient affectés par ce drame, tout en promettant d’apporter leur réconfort aux victimes et aux familles de ceux qui sont partis AD pâtres.
Ledit comité avait en outre affirmé sa reconnaissance à l’endroit de 2000 policiers, plus les 100 PM, ainsi les services de renseignements, mais aussi ceux de secours, pour leur action rapide et professionnelle, en réponse à toutes les situations durant le concert ».

Pour ses pourfendeurs, cet appendice est une façon de dire que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour assurer la sécurité au lieu du concert. En soufflant ainsi le chaud et le froid,
l’attitude de Majaabu Gospel ressemble à une fuite en avant.
D’après certains analystes, la réaction de l’autorité publique avait semblé mi figue mi raisin dans cette affaire, même si le tonitruant ministre d’État, ministre de la justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba Tungunga, s’est d’emblée saisi de l’affaire, en annonçant, via un communiqué signé par son cabinet, qu’il avait instruit l’Inspecteur général de la Police Judiciaire, ainsi que l’Auditeur général des Forces armées, d’interpeller les organisateurs et les éléments de la Police Nationale affectés à l’encadrement de cet événement, en vue d’établir les responsabilités de chacun dans cette hécatombe.
Aux dernières nouvelles, Media Actualité a appris que, sur instruction de la Première ministre, Judith Suminwa, une « réunion de crise » s’était tenue le dimanche 28 juillet 2024 au cabinet de
Jacquemin Shabani, le vice-Premier, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, pour prendre des mesures adéquates pouvant colmater les effets de cette situation catastrophique ayant prévalu au dernier concert du très controversé pasteur Mike Kalambayi, dont on aurait vu dernièrement à côté du très célèbre thaumaturge « Mort Mort », dans une photo devenue virale sur la toile. Quand ses fanatiques crient à l’intox et au montage, ses détracteurs affirment le contraire.
Outre le maître de céans, l’artiste pasteur
Mike Kalambayi, son producteur Maajabu gospel, le ministre de la Justice, ceux de la Santé, des Affaires sociales, de la Culture, Arts et Patrimoine, ainsi que des Sports et loisirs, auraient pris part à cette réunion d’urgence, en sus du gouverneur de Kinshasa, du gestionnaire du stade des Martyrs, du responsable provincial de l’ANR et du chef de la police dans la capitale.
A en croire un communiqué signé par le Cabinet du Vice-Premier Ministre chargé de l’Intérieur, sécurité intérieure, decentralisation et affaires coutumières, « toutes les manifestations non-sportives » prévues dans les stades des Martyrs et Tata Raphaël sont « suspendues jusqu’à nouvel ordre».
Cela implique de facto l’envoi aux calendes grecques des concerts de l’artiste musicien Fally Ipupa, prévus les 10 et 11 août 2024 au Stade des Martyrs de Kinshasa, ainsi que du festival du chanteur Ferre Gola, programmé du 2 au 4 août 2024, au Stade Tata Raphaël.
Pour certains analystes, ce remue-ménage en aval n’auraient pas eu lieu si de très bonnes dispositions sécuritaires avaient été prises en amont, surtout que certains hommes de Dieu affirment avoir prévenu leur confère, le pasteur Mike Kalambayi, de faire très attention au cyclone qui risquait, sous forme de bousculade, de perturber profondément son méga concert du Stade des Martyrs de la Pentecôte, si on n’y prenait garde à temps ! Prévention is better than cure, disent les compatriotes de Shakespeare.
Jean-Paul Brigode ILopi Bokanga/ Directeur de rédaction.