Le palais du peuple a été en transe ce mardi 11 juin 2024. Et pour cause ? La présentation du programme d’action du Gouvernement par la Première Ministre, Judith SUMINWA, suivi de l’investiture de son Gouvernement après considération des préoccupations et propositions des élus du peuple.
Pour cette circonstance, chaque organisation politique a voulu faire une démonstration de force, en y entraînant un nombre considérable de militants, avec mission d’applaudir les lauréats ou de les vilipender, selon qu’on était de l’opposition ou du pouvoir.
A cet effet, il y a eu véritablement un bras de fer entre le président de la chambre basse, Vital Kamerhe et le 1er Vice-président de son bureau, Mboso N’kodia Mpwanga, à travers leurs militants interposés. Ce triste malentendu entre les deux figures de proue de l’Assemblée Nationale congolaise, qui se regardent depuis un bout de temps en chien de faïence, a causé un retard considérable dans le début des travaux. Pour calmer les ardeurs des uns et des autres, il avait fallu à VK de taper du poing sur la table, et de tancer un peu son collègue vice-président, pour lui demander de ramener ses ouailles à la raison.
Dans une posture sereine, Judith Sumwina Tuluka, première femme à occuper la fonction de Premier Ministre en RDC, a dévoilé tous les pans devant être de mise dans son plan d’action aux élus du peuple nationaux. Ce programme de son Gouvernement s’élève à plus ou moins 92,9 milliards de dollars, étalés sur 5 ans. On note que le nouveau gouvernement s’est fixé l’emploi comme première priorité, avec une ambition affichée d’en créer 6,4 millions d’ici 2028. La nouvelle cheffe du gouvernement compte sur l’accélération de la promotion de l’entreprenariat, notamment jeune, qui peut aller dans le sens qu’imposent nos réalités sociétales
La sécurité se trouve être le deuxième pilier de cette action gouvernementale. En plus de l’armée, JST veut mettre l’accent sur la police, en s’appuyant sur le financement et l’opérationnalisation des actions et projets contenus dans la loi de programmation de la police. La construction d’une académie de haut niveau pour la formation des policiers, ainsi que leur répartition équilibrée et équitable sur l’ensemble du territoire national est une des solutions-clés au problème de l’insécurité et de la dérive humanitaire en RDC, pense-t-elle.
Le secteur de la justice a été également épluché par la nouvelle locataire de l’hôtel du gouvernement. La mesure phare prise dans cette direction est celle d’assurer une couverture optimale en termes d’implantation des cours et tribunaux.
Les routes de desserte agricole sont aussi dans le collimateur du nouveau gouvernement, qui s’engage à les réhabiliter et à les entretenir à la hauteur de 10 000 kilomètres par an.
Un autre engagement de Judith Swaminwa se situe au niveau de la protection du pouvoir d’achat déjà très precaire des populations congolaises, en comptant sur la diversification de l’économie, avec sûrement comme option la transformation de nos produits agricoles, forestiers et miniers in situ. Sans oublier la protection de la monnaie locale contre les incartades des devises étrangères, notamment le dollar américain.
Garantir l’accès de nos diverses populations aux services de base, tels que la couverture santé universelle, la gratuité de l’enseignement et le PDL-145T est un des messages forts du nouveau gouvernement.
Nous allons apporter une attention plus exhaustive à ce programme d’action salvateur pour le peuple congolais lors de nos prochaines analyses.
Selon Vital Kamerhe, le programme d’action du Gouvernement de Judith Suminwa Tuluka reflète en très grande partie les engagements pris par le chef d’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de son investiture. Après son discours de programme général, la nouvelle patronne de l’exécutif National congolais s’était plié au jeu des questions-réponses avec les députés nationaux.
Occasion pour l’opposition congolaise de monter au créneau pour fustiger ce qu’elle qualifie de « supercherie nationale ». Pour elle, ce budget de près de 93 milliards de dollars est une vraie « coquille vide », qui vient de nouveau emberlificoter le peuple congolais pendant que les massacres se poursuivent à l’est du pays.
Parmi les plus terribles vitupérateurs de la nouvelle récipiendaire, on pouvait bien entendu compter Christian Mwando, le chef du groupe parlementaire de l’Ensemble pour la République, le parti de l’opposant Moïse Katumbi, le challenger malheureux aux dernières élections présidentielles, qui a d’emblée critiqué la taille du gouvernement, qualifié d’inutilement éléphantesque. Quant au programme en soi, il ne serait, d’après lui, qu’un simple chapelet de bonnes intentions, déjà vu et déjà entendu. Placer l’emploi en pole position alors que la situation de guerre à l’est du pays est récurrente est exécrable.
Débutée le mardi 11 juin dans l’après-midi, cette session-marathon s’est achevée aux environs de deux heures du matin, le mercredi 12 juin 2024. Il eut alors plus de peur que de mal. Parmi les 405 députés présents, 397 ont en effet voté en faveur de l’investiture.
Judith Suminwa et son gouvernement donc ont le feu vert pour exécuter leur programme d’action, présenté avec tumultes au souverain primaire, via ses élus nationaux. Croisons alors les doigts pour que toute cette gymnastique politique puisse être bénéfique au « Peuple d’abord ».
Jean-Paul Brigode ILOPI Bokanga/ Rédacteur en Chef
